Réfugiés et migration : une « fracture Est-Ouest » à réduire en Europe, Yves Bertoncini invité d’Europe 1

Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen – France, était l’invité de David Abiker dans C’est arrivé cette semaine sur Europe 1. La question migratoire était au programme du Conseil européen des 14 et 15 décembre mais les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne ne sont pas parvenus à des avancées majeures alors que la question de la répartition des réfugiés reste le point de clivage le plus important pour parvenir à la réforme de la politique d’asile de l’UE. 

Points de vue. Le Président du Mouvement Européen rappelle en premier lieu les « deux visions » qui compliquent le débat sur la question des migrations en Europe. Dans la perception des réfugiés d’abord : « Est-ce que ce sont des victimes qui méritent d’être accueillies ou des menaces – et pour une partie des pays d’Europe ce sont des menaces, notamment identitaires ? » ainsi que dans le rapport aux Etats les plus touchés par la crise. « Quand il s’agit d’être solidaires vis-à-vis de pays comme la Grèce ou l’Italie : est-ce que ce sont des victimes qu’il faut aider ou en réalité des pays coupables de ne pas protéger assez nos frontières extérieures. Raison pour laquelle on a commencé à européaniser le contrôle des frontières extérieures, parce qu’il y avait un déficit non pas seulement de solidarité mais de confiance. Au fond c’est autour de ces deux questions que s’articule depuis deux ou trois ans le débat européen sur la crise des réfugiés et au-delà la pression migratoire à laquelle l’Europe fait face » analyse Yves Bertoncini.

L’Europe agit néanmoins « à la source » et déploie son énergie pour frapper les menaces sur place, aider les premiers pays d’accueil de la région et renforcer le contrôle européen aux frontières extérieures avec des Hot Spots pour examiner les demandes d’asile et puis la création du corps européen de gardes-frontières.

Identité.  Yves Bertoncini complète : « Il y a un modèle économique et social européen, c’est le continent où il faut bon vivre. Les réfugiés, et au-delà des réfugiés puisqu’il s’agit d’une crise ponctuelle, les migrants le savent et veulent nous rejoindre. Les Européens se demandent si ce n’est pas négatif pour eux. Les études là dessus sont assez unanimes. Elles disent que l’immigration est nécessaire, parce qu’on vieillit, que c’est plutôt bon économiquement. Mais les études ne pèsent pas grand chose dans le débat public. Elles pèsent d’autant moins qu’on est en réalité sur des thématiques identitaires. […] On observe une crise d’identité qui concerne tous les pays d’Europe et le débat sur les migrants – au-delà des réfugiés – va durer pour cette raison-ci« .

« Il y a une fracture européenne claire et notamment Est-Ouest sur le sujet dont il va bien falloir sortir, puisqu’en juin prochain il faut s’accorder sur une nouvelle stratégie en matière migratoire et d’accueil des réfugiés. Il faut parler d’une solidarité un peu plus flexible […], une solidarité financière plutôt qu’humaine, c’est peut-être une voie de sortie« . Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen – France

 

Retrouvez l’interview d’Yves Bertoncini sur Europe1.fr (de 01:00 à 11:20)