Où va l’Allemagne ?

Comprendre les résultats des élections législatives du 24 septembre dernier en Allemagne ainsi que leurs conséquences, tel est l’objet de la contribution de Bernard DELADERRIERE, Président du Mouvement Européen Seine-Maritime et membre du Bureau du  Mouvement Européen – France.

 

Selon les derniers sondages, près de 85 % des Allemands souhaitent très largement la stabilité politique et ne remettent pas en cause la bonne santé sociale et économique de l’Allemagne, et ce, malgré l’apparition d’une droite nationaliste xénophobe et eurosceptique.

De nouvelles élections seraient sans doute catastrophiques pour les partis traditionnels – la droite conservatrice CDU/CSU d’Angela Merkel, le Parti social-démocrate SPD de Martin Schulz, les Verts de Cem Özdemir et le Parti libéral démocrate FPD de Christian Lindner – et verraient monter à la fois cette droite nationaliste (AfD, proche du FN) et l’extrême gauche (Die Linke, proche de la France insoumise).

La solution de la Grande Coalition (CDU/CSU + SPD) aurait au moins deux avantages supplémentaires par rapport à la coalition à la « Jamaïque » (CDU/CSU + Verts + FPD) qui vient d’échouer : un penchant européen plus prononcé avec Sigmar Gabriel (SPD), très populaire en Allemagne, de nouveau à la tête du Ministère des Affaires Étrangères ; un accueil des réfugiés mieux régulé et maîtrisé, et moins hostile que la position du FPD ; mais aussi une défense des dossiers sociaux sur lesquels Angela Merkel serait sans doute prête à faire de nouvelles concessions, par exemple sur la question délicate des travailleurs détachés et celle du contrôle des banques en Europe, véritable tabou pour les libéraux.

Pour sauver la mise, la chancelière serait même sans doute prête à offrir de nouveaux postes ministériels au sociaux-démocrates, comme celui de Ministre des finances, ce qui serait évidemment une révolution après l’ère « Schäuble », véritable père fouettard de la finance européenne, qui présidera désormais le Bundestag, l’Assemblée nationale allemande. Martin Schulz qui a, par avance, refusé de participer à un quatrième gouvernement Merkel, se verrait bien offrir un lot de consolation européen. La vie politique est toujours habile à trouver des solutions arrangeantes pour recaser les « perdants ».

Les sondages d’opinion réalisés ces derniers jours en Allemagne montrent que Christian Lindner, le  jeune leader plein de morgue du FDP*, semble avoir perdu le soutien d’une majorité d’Allemands en rompant les négociations avec la CDU/CSU et avec les Verts emmenés par Cem Özdemir.

Le Président Emmanuel Macron et les Français devraient retrouver des raisons de se rassurer dans un tel schéma, et le « moteur » franco-allemand retrouver un nouveau carburant indispensable à une vraie relance de l’Europe.

Rien n’est écrit, et de nombreux obstacles restent à surmonter, mais ce scenario semble possible dans une situation européenne et mondiale instable et particulièrement dangereuse.

Rendez-vous dans les jours et les semaines à venir…

NB : les positions présentées ici sont celles de nos contributeurs locaux et ne constituent pas des prises de position officielles du Mouvement Européen – France.