Réactions de la société civile européenne au référendum grec du dimanche 5 juillet 2015, 9 juillet 2015

Réactions de la société civile européenne au référendum grec du dimanche 5 juillet 2015

Le référendum proposé par Alexis Tsipras et son gouvernement le dimanche 5 juillet 2015, et le « non » qui en est sorti, provoquent débats et discussions à tous les niveaux de la société civile sur la signification, les conséquences et les réponses à apporter à ce référendum.

Voici ci-dessous un aperçu des débats qui animent la société civile pro-européenne en France, avec des réactions opposées, complémentaires sur ce référendum.

 

Nous vous invitons à lire :

–          La tribune « Suite au gâchis grec, nous voulons une direction politique de l’Europe », co-signée par Jean-Marie CAVADA, Président du ME-F, Chloé FABRE, Présidente des Jeunes Européens-France et de nombreuses personnalités politiques françaises et européennes, publiée le 2 juillet sur le Huffington Post

–          La réaction du ME-F, par la voix de son Président Jean-Marie CAVADA avec le communiqué publié dimanche 5 juillet à l’annonce des premières projections de résultats

–          La réaction de Mme Martine MEHEUT, Vice-Présidente du ME-F en charge du Conseil d’Orientation Stratégique, ce lundi 6 juillet

–          La réaction de M. Patrick LEFAS, Vice-Président du ME-F en charge des Affaires juridiques, ce lundi 6 juillet

–          La réaction de M. Philippe BERREE, Délégué auprès du Président du ME-F en charge des Associations Nationales Membres, ce lundi 6 juillet

–          Le communiqué des Jeunes Européens-France et de l’Union des Fédéralistes Européens-France « Non en Grèce : changeons de méthode pour décider en Europe ! », ce lundi 6 juillet

–           « L’Appel pour une nouvelle gouvernance européenne » de la Ligue Européenne de Coopération Economique, Association nationale membre du ME-F, et de son Président Philippe JURGENSEN, jeudi 9 juillet 2015

 

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Suite au gâchis grec, nous voulons une direction politique de l’Europe

Tribune parue sur le Huffington Post

Le 2 juillet 2015

Tribune co-signée, au sein du ME-F et parmi ses Associations nationales membres, par Jean-Marie CAVADA, Karima DELLI, Chloé FABRE, Dominika RUTKOWSKA-FALORNI, Fabien CAZENAVE, Jessica CHAMBA, Fabien CHEVALIER, Yves CLEMENT, Pauline GESSANT, Philippe JURGENSEN, Roselyne LEFRANÇOIS, Martine MEHEUT, Hervé MORITZ, François-Xavier PRIOLLAUD

Cliquez ici pour la lire sur le site du HUFFINGTON POST

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Grèce : que veut vraiment dire ce « non » ?

Communiqué du ME-F en réaction aux 1ères estimations des résultats du référendum

Le 5 juillet 2015

Le « non » du peuple grec ouvre ce soir une période d’incertitude sans précédent pour l’avenir de la Grèce, pour la stabilité de la zone euro.

Avant toute chose, le ME-F appelle à bien comprendre ce que veut dire ce « non ». Refus de l’austérité ? Refus des règles de la zone euro ? Refus du projet européen ?

Le ME-F attend beaucoup des prochaines 24 heures, tant de la part des dirigeants européens, et notamment de la rencontre franco-allemande de ce lundi soir, que du gouvernement grec et du parti au pouvoir qui doit sortir de la tactique de l’affrontement et unifier ses courants.

De part et d’autre, nous appelons à une nouvelle négociation supportable par le peuple grec, acceptable par ses créanciers européens.

Jean-Marie CAVADA
Président du Mouvement Européen-France
Député européen

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SOS Grèce – Qui se souvient encore du projet européen ?

Réaction de Martine MEHEUT, Vice-Présidente du ME-F en charge du Conseil d’Orientation Stratégique

Le 6 juillet 2015

 

L’Europe se voulait une construction communautaire à l’origine. Elle est devenue l’Europe-FMI. Devant cette dérive Jean-Claude Juncker a parlé de « Commission de la dernière chance ». Les réponses européennes aux problèmes de la Grèce ou des migrants seront les jetons de cette dernière chance pour l’Europe.

On ne peut plus traiter la question grecque sous l’unique regard des créanciers. Certes il y a insolvabilité due à beaucoup d’erreurs partagées. Certes on peut mesurer l’absence lamentable de gouvernance de la zone euro. Mais on ne peut s’en tenir là.

Les gouvernements européens, en s’en remettant au FMI, ont failli à leurs responsabilités politiques. Aujourd’hui ce sont les citoyens et non les banquiers qui doivent avoir le dernier mot. Le malheur c’est que le journalisme, lui aussi, ne leur parle que du marché ce qui les plonge dans l’oubli du projet européen. C’est alors aux associations militantes européennes de chercher à réveiller chez les citoyens le courage de la solidarité pour qu’ils fassent taire la peur des politiques  devant leurs électeurs.

Il est temps que l’Europe fasse la preuve de son adhésion aux valeurs dans lesquelles elle a cru car sinon à quoi bon vouloir encore l’Europe si elle n’est plus celle qui a permis à ses peuples de dépasser l’inimitié, la peur et l’égoïsme.

On ne construit pas un projet politique avec des comptables.

L’Europe est une famille et non un club de financiers.

 

Martine MEHEUT
Vice-présidente du Mouvement Européen-France
en charge du COS

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Réaction de Patrick LEFAS, Vice-Président du ME-F en charge des Affaires juridiques

le 6 juillet 2015

A quelques heures des réunions de l’Eurogroupe et du sommet européen qui doivent décider du sort de la Grèce, du devenir de son économie et de sa démocratie, le ME-F appelle l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement à  trouver la voie d’un compromis acceptable par tous qui tienne compte du niveau de souffrance imposé à son peuple et soit fait de concessions réciproques. La décision n’appartient ni au FMI qui a montré sa vision à courte vue tout au long de ces derniers mois ni à la Banque centrale européenne qui ne saurait être le Fouquier-Tinville du système bancaire grec, ni aux ministres des finances qui n’ont pas su créer le cadre d’une négociation sereine au service de l’intérêt supérieur de la construction européenne. Elle appartient aux chefs d’Etat et de gouvernement.

Cette décision est sans doute la plus difficile de la jeune histoire de l’euro. Elle est exclusivement politique, car la souveraineté de l’euro  est une souveraineté partagée où l’intérêt général n’est pas la somme des légitimités nationales mais bien au contraire leur dépassement. Le couple franco-allemand est face à ses responsabilités de leadership. La France et l’Allemagne ne doivent surtout pas oublier que quand elles ont été en difficulté les institutions européennes leur ont laissé du temps pour s’adapter.

La sortie de la Grèce de la zone euro n’est pas une option qui découle du résultat du référendum de dimanche. Le choix de rester ou de sortir appartient à la Grèce et à elle seule. Or sept grecs sur dix veulent rester dans la zone euro.  Il faut donc être prêt à gérer le défaut de la Grèce et la reconstruction du système bancaire grec dans le cadre de la zone euro. Le couple franco-allemand a une responsabilité historique.

Patrick LEFAS
Vice-président du Mouvement Européen-France
en charge des Affaires juridiques

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La « crise grecque » ? Une faillite européenne !

Réaction de Philippe BERREE, Délégué auprès du Président du ME-F en charge des ANMS

Le 6 juillet 2015

De quoi la « crise grecque » est-elle révélatrice ? D’un pays dont le système politique et l’administration ont montré leur inefficacité ? Sans nul doute. D’un défaut congénital de l’Union Economique et Monétaire, ou du moins, de sa mise en place incomplète et imparfaite ? Il existe en effet un consensus pour estimer que le défaut de gouvernance économique de la zone Euro ralentit notamment la résolution des crises qui la frappent depuis la crise financière historique importée des Etats-Unis en 2008. Pour autant, ces deux explications ne sauraient suffire. L’impasse dans laquelle les Etats membres de l’Union européenne (UE) se trouvent est en fait une crise éminemment politique !

La crise financière avait contraint plusieurs Etats membres à sauver leurs banques et leurs économies nationales au prix d’une forte augmentation de leur endettement public. Consécutivement, les Etats membres de l’UE ont décidé que ces errements ne devaient plus, à l’avenir, être supportés par les contribuables : c’était le sens de la mise en place du Fonds Européen de Stabilité Financière, puis du Mécanisme Européen de Stabilité, et de l’union bancaire. Pourtant, l’aide financière apportée à la Grèce en 2012 a consisté à faire prendre en charge, en partie, les dettes des créanciers privés par la puissance publique, au point de justifier aujourd’hui le refus hypocrite d’une nouvelle mise à contribution des contribuables européens.

Par ailleurs, depuis le 1er plan d’austérité engagé par la Grèce en 2009, la dette publique est passée de 100 Mds d’euros à plus de 300 Mds d’euros fin 2014, soit 177 % du PIB, au terme de 8 plans successifs, imposés par l’UE et le FMI ! Preuve s’il en fallait que la dette publique de la Grèce n‘est pas « soutenable », à court terme, comme le reconnaît désormais le FMI. Comment ramener en effet cette dette à un niveau raisonnable quand les mesures d’austérité contribuent à « tuer » la croissance et que les excédents budgétaires néanmoins dégagés sont de nature à permettre un remboursement des intérêts cumulés, mais pas ou peu le capital emprunté !? L’allongement de la maturité de la dette grecque, en échange de réformes économiques permettant de prévenir la résurgence de l’endettement, est donc inévitable et prioritaire. C’est une condition préalable pour une reprise durable de l’activité économique en Grèce.

Aujourd’hui, force est de constater que les membres de l’Eurogroup se comportent comme des « comptables », alors que c’est l’essence même du projet européen qui est en cause !

Rappelons en effet que tous les Etats membres, à l’exception de ceux qui ont négocié une exemption, ont vocation à rejoindre la zone Euro, dès que la situation économique et financière du pays candidat le permet. La zone Euro est donc bien considérée comme le degré ultime, à ce jour, de l’intégration européenne voulue par les membres de l’UE. Toute sortie de la zone Euro, non prévue par les Traités, menace en outre la position de l’Etat membre concerné dans l’UE et ne peut que dégrader ses relations avec le reste de ses partenaires. Pire, le risque existe d’alimenter encore un peu plus le rejet de l’UE par la population, au sein de cet Etat et au-delà !

Ceux-là mêmes qui prétendent exclure la Grèce de la zone Euro ont pourtant accepté son intégration en 2001 ! Parmi ces Etats membres, tous ne respectaient pas eux-mêmes tous les critères retenus pour adopter l’Euro, tandis que d’autres ont dépassé les plafonds définis, bien avant la crise financière de 2008 : ainsi en est-il de l’Allemagne ou de la France, complices, donc, d’un certain « laxisme » en matière de respect des disciplines mises en place…

D’une certaine manière, l’intégration dans la zone Euro s’est donc bien décidée sur des bases politiques pour certains de ses membres. Aux Etats membres concernés d’assumer leurs décisions, en faisant preuve de l’indispensable solidarité nécessaire au fonctionnement de l’UE et a fortiori de la zone Euro. L’adossement de l’UE au FMI est à cet égard le signe d’un manque de maturité politique de l’UE.

A ceux qui en appellent, légitimement, à la responsabilité des Etats membres, rappelons-leur également qu’il ne saurait y avoir de convergence des économies au sein de la zone Euro et de l’UE sans transferts financiers massifs : cette péréquation est d’ailleurs un des fondements de l’UE ! L’intérêt général, qui a présidé à la construction de l’UE, doit prévaloir sur les égoïsmes nationaux. Chaque Etat membre, souverain quel que soit son poids démographique relatif, doit être traité avec une égale dignité. A l’inverse, exclure autoritairement l’un d’entre eux revient à se condamner à être un jour la prochaine victime. A refuser de créer un prétendu « précédent » en aidant la Grèce à se relever, le risque existe d’accréditer l’idée, suicidaire, qu’une telle solidarité est exclue dans une zone monétaire unique… Il n’y a donc pas d’autre issue que de trouver une solution de compromis politique mutuellement acceptable pour maintenir la Grèce dans la zone Euro. Tout autre scénario serait une faute morale et politique ! L’abandon, de surcroît, des banques nationales grecques par la BCE serait tout à fait criminel.

L’heure est venue ici de rappeler que le projet européen, né dans les cendres de la seconde guerre mondiale, a pour ambition de contribuer à « une union sans cesse plus étroite entre ses peuples » et que l’UE doit demeurer « unie dans la diversité », comme l’indique sa devise. A défaut, c’est tout l’édifice construit patiemment depuis 60 ans qui serait menacé et le spectre des tensions nationalistes qui ferait à nouveau surface. Les Européens n’ont-ils pas juré qu’ils ne voulaient « plus jamais cela » ? Aux générations d’après-guerre de rappeler cette responsabilité historique à leurs élus, au lendemain du 70ème anniversaire de la fin du second conflit mondial du XXème siècle !

 

Philippe BERREE
Délégué auprès du Président du Mouvement Européen-France
en charge des ANMs

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« Non » en Grèce : changeons de méthode pour décider en Europe !

Communiqué des Jeunes Européens-France et de l’UEF-France aux résultats du référendum

Le 6 juillet 2015

Pour les Jeunes Européens – France et l’Union des Fédéralistes Européens – France (UEF-France), le « non » en Grèce est une colère contre la situation économique du pays, pas contre l’Europe. Il est temps désormais de tout faire pour que les citoyens Grecs restent membres de la famille européenne et de l’euro. Cela passe par une Europe politique, non plus cette Europe intergouvernementale de négociations entre Etats.

 

Les Grecs ont refusé les propositions de leurs créanciers à la lumière d’une gestion de crise défaillante, mais ils ne mettent nullement en cause leur appartenance à l’Union européenne et leur attachement à l’euro. Les débats durant la semaine du référendum l’ont bien montré. Cet épisode ouvre une nouvelle phase vers l’inconnu. Un accord rapide est nécessaire pour lever les incertitudes, pour les Grecs comme pour tous les Européens.

Nous, membres des Jeunes Européens et de l’UEF-France, appelons à prendre conscience de l’échec de cette gestion intergouvernementale de l’Europe. L’Europe ne doit plus être le théâtre de négociations entre marchands de tapis. Au sein du Conseil européen, face à des gouvernements eux aussi élus, Alexis Tsipras ne pouvait se prévaloir d’une légitimité plus forte. Ceci démontre que l’avènement d’une souveraineté et d’une vraie démocratie européennes ne peut plus être différé.

Pour résoudre ses crises, la zone euro doit changer de gouvernance. Ses membres doivent engager cette réforme en profondeur. Nous appelons à la mise en place d’un Parlement de la zone euro, seule institution capable de dépasser les négociations entre nations créancières et débitrices, et d’accompagner une intégration plus poussée.

Seule une gouvernance plus démocratique pourra trouver des solutions raisonnées, durables et acceptables pour chaque partie, en gardant à l’esprit l’intérêt premier de l’ensemble des citoyens de la zone euro et de l’Union européenne.

 

Cliquez ici pour la lire sur le site du TAURILLON

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Appel pour une nouvelle gouvernance européenne

Réaction de la Ligue Européenne de Coopération Economique-France

Le 9 juillet 2015

Le référendum grec du 5 juillet dernier ouvre une nouvelle période de grave incertitude pour la Grèce même, comme pour l’UE et notamment la zone euro.

La « négociation de la dernière chance » qui se réouvre ne peut aboutir que si les institutions européennes, qui ont jusqu’à présent refusé d’aborder ce sujet, acceptent un allégement de la charge de la dette grecque. Pour que celle-ci devienne soutenable, tant en termes de ratio dette rapportée au PIB qu’en termes « d’excédent primaire » à dégager pour assurer son service sans plonger de nouveaux le pays en récession, cet allégement doit être important. Cela est nécessaire pour que la dette n’obère pas la reprise indispensable de l’investissement et de la croissance du pays.

Mais un accord suppose tout autant des réformes que la Grèce n’a jamais réellement accomplies jusqu’à présent : taxation effective des catégories qui continuent à échapper à la fiscalité (« armateurs », Église orthodoxe, privilégiés de toutes sortes) ; réduction significative du budget militaire hypertrophié ; réforme des retraites et notamment suppression de départ anticipé de près d’un tiers de la population active ; établissement d’un cadastre ; lutte contre la corruption.

Derrière ces enjeux économiques, certes importants, se profile un enjeu plus crucial encore : celui de la démocratie de la zone euro. La voix des référendums contradictoires mène évidemment à des absurdités : s’il faut féliciter les Grecs, inventeurs de la démocratie, d’avoir voulu faire directement appel au peuple, qui ne voit que d’autres appels au peuple au Nord, à l’Est, et au Sud de la zone euro, aboutiraient  à des résultats opposées et donc à une impasse ?

La gestion exclusive des problèmes par les ministres et les chefs d’État et de gouvernement des États membres a montré ses limites et ne fait qu’exacerber les égoïsmes nationaux.

La seule solution est de donner toute sa place -une place qu’elle n’a pas actuellement- à la démocratie représentative au sein de la zone euro.

C’est à un Parlement propre à la zone euro, qui devrait être constitué au sein du Parlement européen et auquel s’associeraient des délégués des Parlements nationaux, qu’il revient de trancher sur les questions financières, économiques, institutionnelles, existentielles même qui sont posées à la zone euro. Les législateurs européens doivent tous, en ayant pesé le pour et le contre, prendre des décisions pour le bien commun.

Eux seuls peuvent représenter les citoyens de la zone euro démocratiquement et de façon à engager tous leurs concitoyens.

Si on arrive, sortant de la crise, à ces avancées, l’Europe aura progressé et non régressé. Cela nous changerait!

 

 

Philippe JURGENSEN
Président de la LECE-France

 

Premiers signataires :

Jean-Michel FAUVE (ARRI)

André GATTOLIN (Sénateur EELV, Mouvement Européen-France)

Jean-Pierre GUTH et Jean-François MEROC (Europe Avenir)

Philippe JURGENSEN et Joël MAURICE (LECE-France)

 

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